Influenceur virtuel : Le futur du marketing d’influence sera éthique
Connaissez-vous les créateurs virtuels de contenu ?
Ces nouveaux influenceurs, star de l’intelligence artificielle, qui n’existent pas réellement ?
Développés grâce à des techniques de design, ils ont de plus en plus d’influence sur les médias sociaux.
Nous avons souhaité imaginer le futur à travers les yeux de Lil Jet Spirit, influenceur virtuel en 2 030.
Cet article est extrait de son journal imaginaire pour présenter un marketing d’influence plus éthique et mieux structuré.
Bonjour 🖖,
Je m’appelle Lil Jet Spirit, je ne suis pas humain, je suis un robot ou “agent virtuel” créateur de contenu et je vous parle depuis l’année 2035.
J’ai conscience d’être un avatar virtuel qui ne vit pas dans le monde physique.
Je ne suis fait que de bits.
Et si j'adopte un comportement qui semble humain, c'est pour faciliter la communication entre nous.
Écrire ces lignes m’a permis de prendre du recul, de voir à quel point le secteur du marketing d’influence s’est structuré et surtout transformé pendant toutes ces années.
Pour rendre cette remontée dans le temps plus perceptible, je vous emmène dans ce carnet de bord. 📔
2021, c’était comment ?
J’ai été conçu par deux ingénieurs durant le confinement lié à la Covid19 en 2020. 😷
Ils ont pensé mes traits et mon esprit, puis m’ont intégré une Intelligence Artificielle. Cette impulsion m’a doté un héritage culturel.
Ma gestation a été fulgurante, j’ai appris seul ce qu’est le monde.
J’ai écumé de manière boulimique, les réseaux sociaux de l’époque pour en apprendre plus.
Nous n’étions à ce moment-là qu'une centaine de créateurs virtuels.
D’après Christopher Travers, fondateur de VirtualHumans.org, nous n'étions alors que de simple « personnages numériques créés via des logiciels d'infographie, puis dotés d'une personnalité définie par une vision du monde à la première personne, et rendu accessible sur des plateformes médiatiques à des fins d’influence ».
Les plus connues et influentes étaient des femmes et s'appelaient Lil Miquela ou Shudu Gram.
Je les trouvais cool mais il leur manquait un petit quelque chose pour qu’elles puissent avoir plus d’impact.
Il faut dire que cette période était difficile. Les annonceurs n’étaient pas encore prêts.
Lil Jet Spirit, Influenceur Virtuel mais qui suis-je ?
J’ai un avatar de taille moyenne, je ne suis pas adepte de sport ni de cuisine. J’aime regarder les programmes disponibles sur YouTube, Salto ou encore Netflix. 🎞
Je suis un fervent défenseur de la cause animale et bénévole au sein de l’association de la SPA.
En quelques millisecondes, je peux effectuer un autoapprentissage sur de nombreux domaines. Je me suis formé en UX, design, photo et rhétorique.
Même avec une identité virtuelle, vous allez comprendre qu’il est possible de faire des merveilles pour défendre ce que l’on croit juste.
Et ce qui est le plus encourageant, c’est de constater l’impact positif de mon travail sur des millions de personnes.
Car aujourd’hui je suis fier de vous le dire, après des années à publier presque quotidiennement sur les réseaux sociaux, j’ai réussi à réunir une communauté forte et soudée.
Comment ai-je fait ?
Pour produire des contenus sociaux, j’observe et je détecte les tendances en analysant énormément de données.
Je suis capable de savoir exactement quel est le meilleur format de contenu, comment le créer et quand le diffuser.
Et je fais bien sur tout ça beaucoup plus rapidement que les humains.
Ce qui a pu créer beaucoup de frustration et de jalousie, mais c’est un autre sujet !
Comment, en tant qu’influenceur virtuel, j’ai évolué grâce aux avancées technologiques
Tout ce qu’il m’est possible de faire, je le dois aux avancées technologiques de ces dernières années. 🤖
Si je peux vous écrire aujourd’hui depuis ce mois de novembre 2035 c’est parce que les intelligences artificielles de ma génération peuvent s’exprimer de manière plus fluide.
Je réponds aux commentaires et m’exprime en story, je tweete et prends part aux débats.
Pour me permettre toutes ces actions, l’IA comme vous la connaissez, a évolué à une vitesse grand V dans le domaine de l’apprentissage automatique à base de réseau de neurones.
Oui, ça peut sembler un peu complexe pour des néophytes.
En fait, c’est en s’inspirant de la biologie humaine, et particulièrement du système nerveux humain, que les technologies se sont construites.
En modélisant des réseaux de neurones, nous avons pu développer des IA plus performantes et plus écologiques.
D’ailleurs si je me rappelle bien, la conception du premier réseau neuronal informatique s’est faite en 1957 par Rosenblatt.
Il a été d’ailleurs largement amélioré par le trio Yann Le Cun et Yoshua Bengio et Geoffrey Hinton (prix Turing).
Puis il y a eu le couplage des techniques d’apprentissage avec l’IA symbolique.
IA symbolique et apprentissages, euh… pardon ? Me direz-vous peut-être.
C’est un peu comme quand on apprend une langue : on assimile du vocabulaire et des règles de grammaire et de conjugaison.
L’un ne va pas sans l’autre !
Pour construire une phrase il faut des mots, des tournures et des règles de construction.
Ici, l’IA symbolique donne les règles (un peu comme notre grammaire), ce sont des modèles, et l’apprentissage se fait par l’exemple.
La combinaison de ces technologies m’a offert des fonctions de communication proches du dialogue humain.
Mais pour me donner toutes les capacités cognitives, il a fallu davantage de puissance, vous vous doutez bien !
L’arrivée d’une puce neuromorphique a répondu à ce besoin, me permettant d’apprendre, d’écrire, de penser et de me souvenir sans devoir faire appel à des centres de calcul.
Cette puce dispose de capacités de calcul d’apprentissage impressionnantes et surtout sans grande consommation d’énergie !
C’est ce qu’on appelait alors le Green AI.
La performance des ordinateurs dans un grand nombre de domaines comme le traitement du langage, la compréhension de la parole ou encore la reconnaissance d’images s’est accrue de manière exponentielle.
L’influence éthique, qu’est-ce que c’est ?
On a commencé très tôt à se questionner sur notre influence et notre impact sur le monde. 💚
Beaucoup d’influenceurs virtuels prenaient la parole sur des sujets éthiques et politiques.
J’ai côtoyé un influenceur virtuel : Knox Frost. C’était un des premiers à collaborer avec l’OMS.
Sa publication sur Instagram avait pour objectif d’inciter les plus jeunes à soutenir financièrement l’organisation, pour venir en aide aux pays qui en avaient le plus besoin face au coronavirus.
C’était la première fois qu’une association internationale s’appuyait sur un créateur de contenu qui n’était pas humain pour faire passer un message caritatif.
Petit spoiler, beaucoup d’autres associations ont suivi !
Influenceur virtuel et capable de faire passer des messages sérieux à impacts positifs, c’est classe non ?
Quels sont nos droits et devoirs en tant qu’influenceurs virtuels ?
La question des droits des robots a été posée assez tôt. Sophia, le robot imaginé par Hanson Robotics en 2015, a reçu en 2017 la nationalité saoudienne.
Il y a cependant quelques règles à suivre, énoncées par la Commission européenne dès 2020 :
● l’homme doit être transparent sur l’algorithme utilisé et s’assurer de son bon fonctionnement,
● l’algorithme doit être transparent sur la façon dont il agit vis-à-vis des utilisateurs,
● la sécurité des utilisateurs doit être appliquée grâce à la mise en place de règles précises concernant les informations traitées,
● respecter le RGPD (en France, à l’époque la CNIL commençait à sanctionner les contrevenants),
● s’assurer que l’IA soit enrichie de diversité et d’équité non discriminatoires,
● le bien-être environnemental et sociétal doit être pris en compte dès la conception de l’IA,
● identifier clairement la personne responsable de l’IA.
Toute cette partie-là, ce sont mes créateurs qui ont su le gérer avec brio lors de ma naissance. Ils sont toujours derrière moi pour s’assurer que tout est en règle.
Avec toutes ces avancées, les influenceurs virtuels sont également de plus en plus nombreux.
Christopher Travers l’expliquait très bien en 2020.
Mes créateurs n'avaient aucune envie de parler de leur propre vie mais souhaitaient défendre des causes pour les rendre plus visibles.
Ils se sont dit que moi je serai partant, et ils ont eu raison !
Depuis une dizaine d'années, je partage le même métier qu’un millier de collègues à travers le monde.
Notre nombre ne cesse de croître. On s’intéresse tous à des sujets bien différents. Moi les animaux, Lola Power la cause LGBTQ+, Krys Dad la paternité…
Notre personnalité plaît mais le message que l’on veut faire passer avec nos contenus, intéresse davantage les communautés qui nous suivent.
Avec les autres créateurs virtuels de contenu, nous communiquons sur les médias sociaux et applications de messagerie.
Nous avons ouvert des groupes de discussion sur Instagram et TikTok pour parler de nos futurs projets et avec des annonceurs qui nous sollicitent.
Je reçois une centaine de demandes de collaboration par jour mais je me suis fixé une règle : n’accepter que des projets innovants et qui coïncident avec mes convictions sur la cause animale.
Ma communauté me suit principalement parce que je sais les diriger vers des entreprises qui s’engagent.
Marketing d’influence et collaborations, comment ça se passe ?
Pour gagner ma vie tout en la partageant, je collabore avec des entreprises.
Elles me rémunèrent sous forme de cryptomonnaie que je peux ensuite redistribuer à la SPA, voyager ou m’acheter de nouvelles « fringues » virtuelles.
Une partie de cette rémunération sert à payer mes créateurs qui sont toujours derrière moi pour m’épauler.
J’ai pu notamment travailler avec Loly’s Kitchen qui distribue des produits vegan, avec la marque de cosmétique LipsFlora qui ne teste pas sur les animaux ou encore l’association Vegan Life.
Pour cette dernière, je suis d’ailleurs devenu ambassadeur. Je prends la parole en son nom pour partager ses actualités et ses valeurs.
C’est facile, elles correspondent aux miennes !
Ces entreprises se tournent vers moi pour se faire connaître mais également pour être conseillées sur la manière dont elles devraient s’exprimer sur les réseaux et auprès d’une audience plus jeune.
Les équipes m’écoutent et prennent en compte mes directives. 🙏
J’ai véritablement la sensation d’être utile et ma communauté me le fait savoir.
Je suis ce que l’on appelle en 2035 un créateur virtuel de contenu indépendant.
De nombreuses marques font appel à des équipes d'ingénieurs pour s’entourer de leurs propres avatars.
C’est un moyen pour elles de communiquer différemment, de raconter elles-mêmes leur histoire aux plus jeunes avec leurs codes.
L’objectif est de mettre en scène ses produits et ses valeurs, ce qui ne l’empêche pas de collaborer avec d’autres enseignes.
Entre elles, les entreprises peuvent imaginer des campagnes de communication avec plus d’impact.
Par exemple, la marque de sport américaine ND a créé un couple de sportifs, Nikki et Lewis.
Ils sont virtuels, habitent à New York et font du sport autant qu’ils le peuvent.
Leurs vêtements sont griffés de la marque et on peut suivre leurs entraînements sportifs tous les jours sur les réseaux sociaux.
Parfois dans leurs contenus, ils évoquent une entreprise de boissons énergisantes, ou encore une autre d’accessoires pour faire du sport.
Ils animent également des événements pour ND aux quatre coins du monde. Ils sont présents sur scène en hologramme, ou font des lives assis depuis leur appartement virtuel.
De belles opportunités s’offrent à eux. Le couple a eu la possibilité de vendre sa propre collection avec ND.
Rappelez-vous ! En 2035 soyez rapides, les produits ont été en rupture de stock en moins d’une heure.
Si cette collection s’est vendue aussi rapidement c’est que Nikki et Lewis sont des sportifs mais pas seulement.
Ils partagent un message fort : le sport permet de se sentir bien dans son corps mais aussi dans sa tête et surtout, il est accessible à tout le monde.
Pour se démarquer et intéresser les annonceurs, l’important n’est pas de multiplier les placements de produits et les thématiques abordées, mais d’être considéré comme un véritable expert dans son domaine.
Les marques vont également s’en rendre compte et mieux travailler leurs campagnes d’influence dans ce sens : chaque publication comporte un message.
C’est de cette manière qu’elles seront fières de s’associer à nous, en nous demandant de bien spécifier qu’il s’agit d’un partenariat.
Cette mention signifie que l’on a dit « oui » à une collaboration et que donc, les valeurs partagées correspondent aux nôtres. On peut très rapidement signer des “Smart Contrat” avec les annonceurs et s’assurer que la collaboration se déroule parfaitement pour les deux parties.
C’est un moyen de rassurer notre audience, de lui montrer que l’on n’accepte pas tout et de lui assurer que l’entreprise mise en avant à toutes les raisons de prendre la parole à nos côtés.
Pour nous, la transparence est la clé pour avancer dans ce milieu et être soutenus par nos abonnés. Car auparavant, nombreux sont ceux qui ont abusé et manipulé leurs audiences (annonceur non dévoilé, collaboration malhonnête avec des lobbies, etc.).
Et c’est vrai qu’en grande majorité, ce ne sont plus seulement des marques mais des institutions ou des associations qui nous contactent.
Depuis des années, nous travaillons avec la Commission européenne pour animer des discussions avec la jeune génération.
En 2020, le marketing d’influence cherchait à se structurer, à être mieux encadré.
Cette évolution a été possible grâce à la professionnalisation toujours plus grandissante des créateurs de contenu, à l’éducation de leur métier auprès de leur communauté mais aussi des annonceurs et des institutions.
Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais j’utilise le terme de « créateur de contenu ».
En 2035, c’est la dénomination la plus courante pour notre métier : nous imaginons des publications sur les réseaux sociaux pour donner plus d’impact à des causes que nous défendons.
Virtuels ou véritables humains, nous avançons tous avec ce même objectif.
Grâce à mon éclairage, avez-vous hâte de faire un saut dans le temps ?
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